La culture comme catégorie non-religieuse? Construction socio-historique et usages politico-juridiques du « christianisme culturel » en modernité avancée
Jean-François Laniel  1@  
1 : Department of Sociology, University of Michigan

Depuis quelques années, l'opposition entre la culture et la religion se trouve au centre des débats politiques et juridiques sur la liberté religieuse, la séparation de l'Église et de l'État, ainsi que l'identité nationale. La catégorie « culture » se trouve fréquemment employée pour désigner les symboles et les pratiques chrétiens présents dans l'espace et les institutions publics, tandis que la catégorie « religion » sert symétriquement à désigner les symboles et les pratiques musulmans. Le maintien des symboles et des pratiques chrétiens dans l'espace public est ainsi défendu par certains au nom d'une conception de la laïcité qui confine par ailleurs les symboles et les pratiques musulmans à la vie privée. Ces catégories dichotomiques entre la religion et la culture sont récurrentes dans les débats politiques, mais aussi lors de procès hautement médiatisés, où des experts ès religion sont appelés à évaluer la valence religieuse d'un symbole ou d'une pratique, déployant ainsi, à l'occasion, différentes combinaisons articulatoires entre la religion et la culture. Néanmoins, dans l'essentiel des cas, la « culture » (chrétienne) semble construite en opposition à la « religion » (mulsumane), et mobilisée comme catégorie « non religieuse » dans les discours politiques, juridiques et savants.

Nous chercherons dans le cadre de cette communication à : a) retracer depuis Vatican II la construction socio-historique du christianisme occidental comme culture (plus ou moins) sécularisée; b) décrire et analyser ses usages convergents et divergents dans trois procès récents (Québec, France et Italie); c) soulever quelques questions et ambiguïtés d'une conception univoquement et essentiellement sécularisée du christianisme dit culturel.



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